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Exhibition Picturo-Fécale

  • : Les Elucubrations Saugrenues de Monsieur Snookaz
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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 22:36

 

Il était très tôt. Environ cinq ou six heure du matin. Une heure à laquelle la plupart des gens dorment. Mais ce matin là, dans le petit village de Bessarmoux, une lumière anormalement vive remplaçait l'habituel roseoiement feutré qu'apportait l'aube naissante. Cette lumière attirait tous les Bessarmois, qui curieux et avides de commérages, se ruaient hors de leurs logis. Le foyer de toute cette agitation provenait d'une maison proche de la Mairie. D'énormes flammes rouges orangées jaillissaient des fenêtre, pour venir lécher les murs en vieille pierres de la bâtisse. La charpente hurlait de douleur et se craquait sous la pression de la chaleur. Des éclats de verre saupoudraient le gazon sur lequel se tenait, assis et immobile, un jeune garçon de 17 ans. Il avait le visage livide, les yeux dans le vide. En pyjama, il enlaçait ses genoux en les tenant contre son torse. Une légère brise vint perturber les cendres qu'il avait sur la tête et les épaules. Il était couvert de suie, les yeux rougis par la chaleur. Malgré l'affolement des gens atour de lui, il ne bougeait pas. Il ne répondait pas quand un voisin, soucieux d'apporter son aide, venait lui demander 'ça va p'tit ?'. Les pompiers débarquèrent rapidement. Le feu fut maîtrisé en l'espace de quelques minutes, mais il était déjà trop tard pour les deux quadragénaires qui habitaient là avec l'enfant en pyjama. Après quelques recherches menées par la police sur les lieux, on décréta que c'était un accident. Le jeune garçon, que l'on conduisit à l'hôpital immédiatement, pour vérifier qu'il n'ait pas de séquelles physiques suite à l'accident, n'ouvrit la bouche que le lendemain matin, alors que l'infirmière lui apportait le petit déjeuner. En ouvrant les yeux, il lui avait demandé 'Mes parents son partis ?', et l'infirmière, gênée, répondit simplement 'oui', de peur qu'un traumatisme psychologique n'ait plongé le gamin dans un état d'amnésie, et que la nouvelle de la mort de ses parents ne soit un choc trop grand pour lui. Cependant, alors qu'elle installait le plateau repas au dessus des genoux de l'enfant, celui-ci esquissa un sourire, le regard rêveur. L'infirmière eut tôt fait d'aller prévenir un psychologue, la réaction l'ayant alarmée.

Edmond changea de chaîne. 'Qu'est-ce qu'on s'emmerde. Y'a pas un film de Schwarzie ?'

Jean-Ederne, coincé entre le ventre à bière de son père et la poitrine opulente de sa mère, exprima son mécontentement dans un soupir bruyant qui dura bien plus longtemps qu'il n'en faut à un homme privé de sexe pendant trois ans pour se déshabiller devant une femme qui le lui demande.

'Oh, qu'est-ce qu'il a don' le p'tit à raler tout l'temps ?!', éructa sa mère entre deux bouchées du sandwich triangle thon-mayonnaise qu'elle avait eu le courage d'aller acheter, alors qu'il lui avait fallu tout de même traverser la rue, tourner à droite, continuer sur cent mètres avant de tourner à gauche. L'épicerie occupait le coin de rue, mais ne disposait que d'une entrée située dans la rue perpendiculaire à la leur.

'T'occupes don' pas d'lui, ma baleine', répondit le mari, avec sa douce voix de buveur de bière et fumeur de roulées, alors que son foie commençait déjà à se demander s'il n'inviterait pas son ami Cirrhose pour se faire une bouffe, un de ces quatres.

Il y avait effectivement un film de Schwarzenegger. Cet événement, non content d'obliger Edmond à taper des mains, entraîna tout un débat sur sa capacité supposée à ressentir les choses, sous-entendant ainsi, dans son argumentation, qu'il était pourvu d'une intelligence supérieure. À ces mots, Jean-Ederne éclata d'un rire tonitruant, avant de s'extirper du canapé sans un bruit, si ce n'est celui de succion provoqués par la corpulence des deux mammifères marins, et parti s'enfermer dans sa chambre.

'Le p'tiot m'inquiète.' hasarda Madame Zguègue.

'Mah t'inquiète don' pas, c'est l'âge. Ça lui passera.'

Ils s'enlacèrent.

 

Dans sa chambre, Jean-Ederne repensait au reportage. Et si... ?

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 23:08

/!\ Warning : Ceci est une histoire que je commence à peine à faire germer dans ma pauvre boite crânienne. Il n'est donc pas certain qu'elle atteigne un jour une fin, et il n'est pas non plus certain qu'elle continue jusqu'au bout, les risques d'arrêt aussi soudain qu'inopiné sont donc présents. Je vous remercie de votre incompréhension.

 

 

Jean-Ederne Zguègue n'avait pas un nom de famille facile. De plus, ses parents Edmond et Emma ne l'avaient pas gâté, lui donnant ce nom composé qui à lui tout seul provoquait chez les petits ce cruel secouement des zygomatiques. Il faut dire que son père, Edmond Zguègue, en voulait déjà à ses parents pour le jeu de mot pitoyable qu'ils lui infligèrent. C'était envers sa progéniture une sorte de vengeance, une haine viscérale pour ses parents le poussant à reproduire stupidement le même schéma qu'eux, parce que y'a pas de raisons, il avait raté sa vie à cause de son nom, son fils en pâtirait aussi. Il va de soi que toute l'enfance du petit Jean-Ederne fut tourmentée par les moqueries grinçantes de ses camarades imbéciles. Et bien entendu, la honte provoquée par les railleries incessantes, et par la nature même de son prénom et de son nom, conduisirent le petit à s'exiler du monde tout au long de sa vie. Toujours prostré sur un banc ou dans un coin de la cour de récréation, son comportement imperturbable et peu sociable fit s'interroger beaucoup d'enseignants. Souffrait-il d'autisme ? Avait-il des problèmes chez lui ? Il n'en était rien. La vie à la maison n'était pas des plus joyeuses, pour la simple et bonne raison que personne ne se parlait. Cependant, et ce pour la raison précédente, pas un mot n'était élevé plus haut que l'autre, et les sévices corporels étaient rares et très peu violents. Non, il n'était pas touché par l'autisme non plus. Il développait même une intelligence peu commune à son âge. Il observait. Il observait tous ces petits êtres vivants occupés à s'agiter, à se courir après pour récupérer les bonbons d'un tel ou la chaussure d'un autre. Ces jeux ne l'intéressaient pas. C'eut été peut-être le cas, en d'autres circonstances, mais là, non. Les enseignants, toute confiance placée dans les petits bouts de chou qu'ils élevaient, ne voyaient pas combien les moqueries avaient altéré au fil des années le caractère du petit Jean-Ederne. Ils s'interrogeaient sur son manque d'attention et d'intérêt en classe. Sans jamais soupçonner que la raison éventuelle était une intelligence supérieure, ou du moins différente. Lorsque les garçons dessinaient la guerre, les maisons, les clowns ou autres portraits de famille, lui gribouillait des masses informes, sans grâce, mais qui provoquaient quelque chose chez la personne qui observait le 'dessin'. Si l'on prêtait correctement attention à la feuille crayonnée, on pouvait distinguer dans les monticules bariolés des sortes de visages. Des visages étranges. Une impression de malaise teintée de dégout prenait inexorablement l'observateur, sans que celui-ci trouve la moindre explication à ce sentiment.

 

C'est ainsi qu'il voulu s'orienter vers l'art. Ses parents n'approuvèrent pas son choix. 'L'art, c'est pour les tapettes!' décréta son père. 'On t'a appelé Jean-Ederne, pas Jeanette-Ederna!' enfonça sa mère avec une intelligence sans pareil. Jean-Ederne avait alors 17 ans, et avait passé toute sa vie à se plier sans un mot aux exigences de ses parents. Il avait suivi sa scolarité sans problèmes, il avait même été bon élève, malgré l'impression de gêne mêlée d'appréhension qu'il inspirait à la fois à ses camarades et à ses professeurs. 17 ans. 17 années de servitude aveugle et muette. Malgré la patience et le calme plat qu'il avait développé jusque là, Jean-Ederne sentis une vague de haine l'envahir, et un plaisir glacé le traversa lorsqu'il rétorqua à ses parents: 'Ecoutez, ce n'est pas votre volonté d'ongulés décérébrés qui m'empêchera d'aller de l'avant. Je crois qu'il est temps pour moi de me débarrasser du poids que vous avez été durant toute ces années. Vous m'avez été de la même utilité que l'aurait été un couteau pour manger de la soupe. Maintenant, vous allez me laisser faire ce que bon me semble, sinon, il me semble évident que vos journées flasques d'invertébrés de canapés risquent grandement d'être bouleversés.' Un instant de silence s'en suivit. Une mouche trouva le moment opportun pour traverser la pièce et rejoindre sa compagne qui l'attendait pour la continuité de l'espèce. Dans les yeux vides des deux parents, l'incompréhension était lisible. Ils étaient bien évidemment étonnés et désarçonnés par la réaction soudaine de leur fils, de nature presque absente habituellement, mais il y avait autre chose. Ils n'avaient pas compris un fichu mot de ce qu'il venait de dire. 'Qu'est-c'tu bave ?' rétorqua sa mère. Son père, un homme d'action, envoya une volée à son fils avant de lui hurler l'ordre de monter dans sa chambre. Jean-Ederne obéit, la larme à l'oeil par le coup qu'il venait de prendre, mais un sourire glacé aux lèvres.

 

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